J’ai grandi au Québec.
Là-bas, l’été en général, a lieu un mercredi ou un jeudi de juillet. Des fois c’est en août mais plus rarement. Et le reste du temps c’est plus ou moins l’hiver… Du coup, j’ai pris quelques habitudes qui, au final, se révèlent être plutôt utilisables même en Europe, quand la météo commence à devenir « pédagogique ».
En train
Typiquement, le train passe même avec une bonne couche de neige. Cependant, les trains avec une catener tolèrent moins bien les couches de glace et de neige, qui provoquent parfois des micro-coupures… ce qui cause des arrêts parfois brutaux de la machine. Le reste du temps, le train en lui-même fonctionne relativement bien même sous la neige. En revanche des véhicules bloqués sur les passages à niveaux, des problèmes d’aiguillage ou des soucis dûs à la dégradation générale du contexte peuvent largement perturber le trafic ferroviaire. Et du coup, on reste bloqué quand-même…
Rester bloqué dans le train, en soi, n’est pas un énorme problème. C’est juste un peu pénible mais typiquement on est au chaud, on a des toilettes, et on peut papoter avec nos compagnons d’infortune. Ceci étant, d’avoir de quoi tenir qques heures en milieu confiné peut être vraiment sympa.
- Pas plus tard qu’hier, je me suis retrouvé coincé près de deux heures dans un TGV… expérience mémorable :
- j’avais un thermos de café, ce qui m’a permis de redonner un peu le sourire à mon voisin qui râlait… et à entamer la discution… et accessoirement à me retrouver à parler survie urbaine avec un spécialiste de la sécurité des bâtiments qui est devenu instantanément un pote 🙂
- j’avais mon chargeur de téléphone, ce qui a pu dépanner un mec derrière moi qui devait à tout prix envoyer un mail… mais qui n’avait pas prévu que le voyage durerait plus longtemps que la batterie de son iPhone…
- j’avais un sachet de graines diverses et un peu de chocolat noir dans le sac à dos, ce qui m’a permis de tenir sans problème quelques heures de plus même si j’avais mangé super « light » le midi… (et l’habitude du jeûne intermittent a fait le reste).
Rien de bien spécial hein, me direz-vous. Pas de couteau de rambo ni de baudrier pour m’extraire en rappel d’un train suspendu sur un viaduc… juste les trucs de base pour vivre sereinement un retard prévisible dans un environnement connu à l’avance. Pourtant j’ai vu, à ce moment là, la surprise sur les visages de plein de gens… et l’anxiété monter au fur et à mesure que ça s’éternisait. Les gens se sentaient prisonniers. Ils avaient l’impression de subir. Certains râlaient gentiment. D’autres géraient leur retard par téléphone. D’autres soupiraient… mais visiblement, pratiquement tout le monde dans ce train considérait que ce retard était surprenant et anormal.
Et moi je trouvais ça plutôt amusant. Surtout parce que j’étais prêt mentalement et matériellement… j’avais anticipé le problème. Et que je réglais des petits problèmes autour de moi l’air de rien. C’était un petit laboratoire de dynamique de groupe en situation de stress léger, bref, c’était intéressant.
Etre bloqué dans une gare
Là où c’était moins drôle, en revanche, c’était pour ceux qui, arrivés à une gare, se retrouvaient le bec dans l’eau parce que leur correspondance était annulée. Pour le coup, eux, ont pour la plupart dû se débrouiller pour trouver un hébergement… qui a parfois fini par une attente longue et vraiment bien froide sur un banc de gare (ceux qui connaissent la Part Dieu savent à quel point cette gare est un frigo surpeuplé). Les plus malins sont allés squatter les restaus autour. Les autres ont attendu qu’un train s’affiche en grelottant. J’en étais… mais avec une bonne veste, un thermos de café chaud, un sap plein de monnaie pour pouvoir aller aux toilettes à volonté (sinon avec le froid on a envie de pipi, et ça devient vite la misère… j’ai vu un homme de 50 ans en veston cravate devoir faire la manche en dansant d’un pied sur l’autre pour pouvoir pisser dignement, belle leçon de vie quand on sait que pour un garçon, une gourde Nalgène et un coin de mur permettent de se soulager, dans le pire des cas, même dans un lieu public bondé — et pour les filles il existe aussi des solutions, by the way, le pisse-debout notamment…).
Bref, c’est tout bête… mais les gens sont tellement habitués à pouvoir compter aveuglément sur des infrastructures qui tournent à la perfection que la moindre anomalie les met tout de suite dans le rouge. Alors que le simple fait d’anticiper un tout petit peu permet, avec 20% d’effort en plus, de régler 80% des problèmes évidents.
La méthode est simple : suffit de se poser la question de ce qui peut arriver, et de réfléchir trois secondes aux conséquences sur notre plan de match initial.
En gros :
Prise d’infos : la météo prévoit de la neige. Déduction accessible à tous, ça peut perturber le trafic… Un pas mental plus loin : si ça perturbe le trafic, je peux me retrouver coincé dans le train ou dans une gare… Comment vivre ça le mieux possible ? Et on évite que la situation ne se complique inutilement. Et on peut être utile autour de soi. On devient une partie de la solution, et non plus une partie du problème bêlant et hébété qui subit un choc psychologique intense face à la rupture de sa petite normalité… 😉
En voiture
La voiture, c’est super… mais quand il y a 20 ou 30cm de neige sur la route et qu’on commence à avoir du mal à distinguer le ciel du caniveau, parfois c’est quand même un peu compliqué. Typiquement, en hiver, comme je donne souvent cours dans des zones enneigées (Suisse, Jura, Alpes), je me retrouve à trimballer un petit peu de matériel en plus « au cas où ». Le scénario de base est simple : je sors de chez moi avec mes vêtements de ville, et je me retrouve dans la tempête de neige sur la route ensuite.
Préserver ma mobilité le plus possible
Vous connaissez tous notre bon vieux « CCVMD », inutile que je vous serine avec : conscience, communication, vision, mobilité, dextérité… nos 5 moyens de base pour ne pas mourir. La mobilité, en voiture, est forcément un point à maintenir et à protéger. Idem pour la vision.
Donc, en hiver :
- pneus neige de bonne qualité (depuis que j’ai découvert les pneus d’hiver de nouvelle génération j’ai carrément hâte qu’il fasse tout blanc juste pour passer partout sans problème) ; note importante pour ceux qui ont des 4×4 et qui pensent que ça suffit : un 4×4 avec des pneus inadaptés finit dans le caniveau bien avant une voiture normale avec des pneus d’hiver…
- chaînes (ou chaussettes) pour la neige pentue ;
- pelle à neige (une petite démontable ultralégère, de celles qui vont avec les ARVA, juste parfaite) ;
- et un bout de vieille corde d’escalade (et/ou un peu de sangle) pour tracter ou être tracté…
- du lave glace en réserve (au Québec c’est obligatoire, et quand on roule dans la bouillasse derrière un camion c’est carrément vital) ;
- des essuie-glaces en bon état, un grattoir pour les vitres, et tout ça, bien entendu…
Pour gérer le côté thermique de la chose, si je dois pelleter longtemps ou abandonner le véhicule et marcher :
- des bottes d’hiver Sorel (grosses, larges, chaudes, parfaites… je veux être enterré avec :)) ;
- des mouffles de l’armée suédoise (idem) ;
- une veste gore-tex, plus le bonnet et la polaire qui vont avec (mon pote Jérôme Solo d’Azimut Nature m’a trouvé une Gore-Tex de l’armée Française parfaitement neuve et à ma taille pour 80 euros, je l’adore…) ;
- un gilet fluo (parce que marcher au bord de la route c’est bien, mais faire ça sans se faire éclater par un chasse-neige c’est mieux) ;
- une frontale avec ses piles de rechange…
Et si je décide de bivouaquer dans la voiture :
- un sac de couchage -15 confort (ou plusieurs si je suis en famille) ;
- un réchaud « multifuel » qui fonctionne par temps très froid ET avec du gasoil (bah oui quoi j’en ai 60 litres dans le réservoir autant que ça puisse servir de réserve) et une petite quantité de carburant dédié ;
- quelques rations auto-chauffantes (typiquement je les prends chez lyophilise.fr et j’utilise le code promo « CEETS10 » pour avoir 10% de rabais) qui tolèrent assez bien les cycles gel/dégel…
- du café et une petite cafetière Bialetti (parce que je le vaux bien ;))
- de quoi signaliser la voiture même si la batterie rend l’âme (le triangle étant bien vite recouvert de neige, j’ai opté pour lui ajouter un cyalume rouge que j’accroche à l’essuie-glace arrière ou à l’antenne, et/ou une lampe) ;
En gros, de quoi voir où je vais, passer quand même (plan A)… sortir ma voiture de la neige ou du fossé si besoin (plan A en version je m’entête)… et dans le pire des cas pouvoir marcher sans risque quelques kilomètres (plan B), et si c’est vraiment trop la misère, utiliser ma voiture comme abri et le signaler pour éviter un coup de camion ou de chasse-neige (plan C).
Vous voyez le topo ? 😉
Anticipez 😉
David