Un jour, un groupe prestigieux bossant pour le compte d’un beau pays plus ou moins situé entre la Belgique et l’Espagne qui m’a demandé de lui pondre un cours pour ses gars.  Ils ont bien insisté sur le fait qu’ils n’étaient pas des lapins de six semaine, et qu’ils n’avaient pas besoin de mes cours de base, mais bien qu’ils voulaient un stage avancé.  Après avoir tenté de leur expliquer, et après m’être heurté à leur égo monumental (ce qui est plutôt rare dans ce genre de boutique, en général on a plutôt des pros très très humbles…), j’ai lâché l’affaire.  Dans mon plan de cours, j’ai fait un rechercher-remplacer.  J’ai remplacé « de base » par « avancé ».  J’ai renvoyé mon plan de cours.  Je leur ai fait exactement le même stage que je donne à tout le monde, et ils étaient super contents.  Mais genre ravis.

Et ils ont vraiment appris des trucs.

Et non, ça n’était pas du tout des lapins de six semaines, mais ils ont fait les mêmes choses que tout le monde.  Juste mieux.  Avec un niveau d’exigence et de précision plus élevé.  Plus fort, plus vite et plus longtemps. Et après, je leur ai expliqué.  Et ils ont pigé que les mots sont trompeurs…  et j’ai bossé avec eux plusieurs fois ensuite.

En boxe, est-ce qu’il y a vraiment des techniques « avancées » ?  Je veux dire à part toutes les bases…  un jab, un direct, un crochet et un uppercut, et puis les esquives / blocages, les déplacements, etc.  Les techniques avancées, c’est juste les mêmes, mais mieux.  Avec plus de vitesse, puissance, précision, timing, etc.

En survie, c’est pareil.  On a une poignée de principes, et il y a ceux qui savent les appliquer vraiment tout le temps (sous stress, dans le noir, d’une seule main, à cloche pied, en hypothermie, fatigués, etc.), et les autres.  Et on reconnaît en général les vrais théoriciens et les survivalistes de canapé au fait qu’ils cherchent autre chose que les trucs « de base » pour avancer, plutôt que de réussir à vraiment maîtriser les techniques et principes qu’ils pensent déjà connaître.  Alors qu’avec juste un peu de pratique, beaucoup de questions trouvent elles-mêmes leurs réponses, et les commentaires décalés sur la simplicité apparente des techniques disparaît tout de suite.  Quand on pratique, on voit la marge de progression qu’on a, et ça nous ouvre directement des pistes de travail.

Bref, le seul vrai secret, c’est qu’il n’y a pas de secret ! 😉

« En avoir sous le pied » c’est ça.  C’est pouvoir approfondir et détailler finement une technique, et non pas pouvoir étaler sa confiture comme autant de fausse culture de merde.  Et c’est d’autant plus vrai aujourd’hui, dans ce monde où l’accès à des tonnes de connaissances superficielles est facile.  Un coup de google et on a accès horizontalement à plein d’informations, mais l’approfondissement, l’axe vertical est généralement négligé.

Dans ce plan vertical se cache la vraie efficacité, et aussi un peu de cette efficience si chère à mon coeur : avec moins de techniques, moins de matos, moins de bordel, mais mieux approfondi, mieux compris, mieux intégré, mieux maîtrisé, on arrive à faire des choses surprenantes.

Pratiquer, pratiquer, pratiquer 😉