Toujours dans la série « les professionnels parlent logistique », dans cet article j’aimerais vous partager quelque principes indispensables pour bien choisir son matériel de survie.

Quoi choisir, pourquoi, comment… afin de se retrouver avec juste assez de matériel de survie, et surtout le bon !

  1. Commencer par évaluer les risques. Nous avons tous des armoires, des garages, des sacs pleins de trucs « qui pourraient toujours servir » mais le matériel de survie que nous allons choisir d’emporter aura toujours un coût : en argent, évidemment, mais aussi en encombrement. Aussi, il faut savoir choisir intelligemment ce qu’on prend et ce qu’on ne prend pas… et on reconnaît souvent les « vrais » à tout ce qu’ils ne prennent pas, autant à ce qu’ils choisissent de prendre. Pour bien choisir ses outils, il faut d’abord savoir ce qu’on devra faire, et dans le cas des situations de survie il s’agit de gérer les risques et de s’adapter, d’improviser et de dominer sur la base de situations inconnues, ou a minima seulement partiellement prévisibles. Le monde réel est toujours plus complexe que nos plans, aussi il est important de surtout rester adaptable. Et pour être adaptable, souvent, trop de matériel tue le matériel… il en faut peu pour être heureux 😉
  2. Etablir des stratégies. La plupart des risques auxquels nous serons confrontés en milieu naturel peuvent être gérés simplement en adaptant ses choix et ses stratégies. Exemple : contourner une falaise et marcher sur un sentier permet d’éviter tout un tas de difficultés et de matériel nécessaire pour y faire face. Cette simple approche basée sur l’évitement, les choix intelligents et l’anticipation permet d’éviter beaucoup, beaucoup de problèmes. C’est évidemment la première chose à faire et tout cela ne demande que de la réflexion et du jugement, et peu ou pas de matériel.
  3. Voir les contingences et les cas non conformes. Nos stratégies de gestion du risque ne seront jamais parfaites, et elles-mêmes nécessiteront parfois de l’adaptabilité. Les fameux « cas non conformes » nous guettent : tout ce que nous ne pouvons pas anticiper et qui peut malgré tout arriver : une blessure, une tempête que la météo n’avait pas anticipée… pour ces cas là, nous auront un peu de matériel, et beaucoup d’astuce et d’espièglerie 😉
  4. SIMPLE et de bonne facture : low tech de bonne qualité ! Le matérle de survie est simple dans sa forme, sa conception et son utilisation. On dit au CEETS que plus ça ressemble à une massue et plus ça restera utilisable dans des conditions dégradées (sous stress, de nuit, avec les mains gelées et sans avoir le temps de s’y préparer).
  5. Testé, connu et éprouvé (par vous) ! Le meilleur matériel de survie est celui que vous avez l’habitude d’utiliser. Que vous connaissez bien, que vous avez eu le temps d’éprouver dans la durée. Typiquement, mes kits de survie sont constitués de vieux matériel que j’ai utilisé un bon moment. Rien de neuf ou presque (sauf les consommables, évidemment)… au contraire, j’utilise le matériel un moment avant de décider de le mettre dans un kit et de lui confier ma vie.
  6. PERLE : Corin Zdrogeski, moniteur du CEETS à la retraite aujourd’hui, nous a pondu cette « perle » pour décrire le meilleur matériel de survie :

    P : Polyvalent – autrement dit un outil qui peut faire plusieurs choses comme un poncho, un couteau, etc.
    E : Economique – si c’est trop coûteux on n’osera pas l’utiliser… ni le tester franchement.
    R : Rustique, ou autrement dit « low tech » et simple ;
    L : Léger, parce que si ça pèse un âne mort on le laisse toujours à la maison…
    E : Efficace (ou efficient) : il faut que l’outil, en plus de tout le reste, fonctionne vraiment bien.

    Des exemples de matériel PERLE ? –> le briquet bic, le couteau Mora, la machette Tramontina, le fusil de chasse Baïkal (moche, pas cher, increvable…), une kettlebell, un 4×4 Toyota seconde main sans trop d’électronique… une frontale Petzl de base. Un chèche de 1mx1m en coton. Un buff. Du duct tape. Un poncho militaire d’occasion. Vous voyez l’idée.
  7. Redondance et diversité. Certains outils sont tellement indispensables et tellement transversaux qu’ils pourront voire devront être prévus en redondance. Typiquement, j’ai ainsi toujours deux voire trois sources de feu avec moi, et les trois sont différentes : un briquet bic à pierre normal, un briquet piezzo-électrique (souvent en mode « torche ») et un firesteel de bonne qualité. J’ai aussi différents allume-feux avec moi dans un sac étanche. Et je laisse volontiers traîner des briquets en tous genres dans mes poches, pochettes, et sacs divers. Souvent avec un bout de duct tape enroulé autour… et la plupart du temps de types différents : ici un vieux zippo, là un bic piezzo-électrique, là un briquet bas de gamme d’origine suspecte trouvé dans une laverie automatique aux USA, etc. Plusieurs outils qui servent à la même chose, mais tous différents, en somme, pour avoir un maximum de chances qu’il y en aie au moins un qui fonctionne dans un contexte donné. J’ai aussi bien souvent plusieurs outils coupants différents, plusieurs couches imperméables différentes aussi : une veste, un poncho et un tarp ou une tente par exemple… parce que le froid c’est bien, mais le froid mouillé, non merci. Bref, vous avez compris l’idée : plusieurs mais différents. Comme les humains, quoi.

Evidemment, ce matériel sera organisé en couches : dans vos poches, dans votre sacoche, dans votre petit sac à dos, dans votre gros sac à dos, dans votre véhicule, dans votre maison, etc. Plus vous aurez de couches, et plus vous serez en confort. Moins vous aurez de couches, et plus vous serez obligé d’être adaptable.

A vous de jouer 😉