Si vous êtes formé(e) aux premiers secours et que vous adhérez un peu à la même philosophie que nous, vous avez probablement déjà un peu de matériel de premiers secours en permanence avec vous. Une paire de gants, un pansement compressif, un garrot tourniquet… ces quelques items peuvent faire toute la différence, et réellement sauver des vies lors des accidents du quotidien, ou si vous vivez une époque intéressante, dans un lieu animé. Maintenant, les véhicules motorisés sont bien souvent un endroit où on peut se permettre de transporter facilement une bonne quantité de matériel de premiers secours là où on en a (souvent) le plus besoin. Petit zoom sur un exemple de kit de première urgence pour véhicule.

Cahier des charges

Un bon kit de première urgence pour véhicules comporte un cahier des charges assez précis, qui doit tenir compte de l’environnement d’utilisation probable. Le kit sera fort possiblement utilisé :

  • de nuit, ou par mauvaise visibilité ;
  • au bord ou à proximité immédiate d’un axe routier où la circulation continue, potentiellement, pendant un moment ;
  • sur vous-même ou sur des proches ;
  • sous stress.

Aussi, plusieurs choses sont importantes à rappeler :

Premièrement, formez-vous. Et entraînez-vous régulièrement. Inutile d’avoir un kit de premiers secours aussi bien garni que celui qui est en photo ci-dessus si vous n’avez pas touché un compressif, mis un garrot, ou posé une canule de Guédel régulièrement dans les derniers mois. Tout le matériel du monde n’est que le prolongement de vos compétences. Et avec les bonnes compétences, un secouriste bien entraîné peut faire 80% de son travail sans matériel à part une paire de gants et un téléphone. Aussi, je radote, je répète, mais formez-vous et entraînez-vous. Passez, a minima, un PSC1. Recyclez-vous tous les ans. Planifiez des sessions d’entraînement régulièrement. Planifiez comme dans « notez-le tout de suite dans votre agenda ».

Ensuite, le contenu du kit de premiers secours ci-dessus est surtout utilisable par une personne qui aura une formation de niveau PSE1 voire PSE2, WFR (Wilderness First Responder) ou équivalent. Si vous êtes déjà formé(e), vous n’avez pas besoin de savoir le détail du matériel qui s’y trouve. Si vous n’êtes pas formé(e), idem. Aussi, je ne vais pas le détailler mais simplement vous en parler de manière générale et sur un plan stratégique.

Finalement, oui, ce sac de secours et son contenu ont une valeur totale de plus de 1000 euros (et le tout se périme rapidement, si on veut être dans les clous d’une intervention pro il faut donc changer beaucoup des items régulièrement). C’est un vrai investissement. Si vous n’avez pas envie ou que vous n’avez pas les moyens d’investir autant : total respect. Si vous avez un kit plus petit mais un savoir-faire à jour et un minimum d’entraînement, vous pourrez quand-même faire beaucoup et certainement sauver des vies. Et merci à vous de faire ce que vous pouvez !

Premier point : être vu !

Le sac, en lui-même, contrairement à tout mon matériel (que je préfère de couleur neutre), est rouge vif avec une bande réfléchissante énorme. Dans la première pochette, accessible immédiatement, il y a :

  • un gilet haute visibilité propre et en bon état ;
  • une lampe frontale ;

Cela va me permettre d’être visible si je dois intervenir sur la voie publique, a fortiori de nuit ou par mauvais temps. Cela me permettra ainsi de baliser la zone d’accident et d’éviter le suraccident grâce à deux éléments qui sont normalement présents et fonctionnels dans tout véhicule : un triangle de signalisation (à placer visiblement 150m avant le lieu de l’accident, ou avant le virage précédent) et des feux de détresse qui fonctionnent sur le véhicule que je garerai plus loin que le lieu de l’accident, afin de baliser correctement la zone.

Deuxième point : voir !

Afin de pouvoir bien voir (de proche ET de loin), pendant la nuit, le sac contient :

  • une lampe frontale avec lumière blanche (une bête Petzl qui ne se déchargera pas en restant dans le sac longtemps) ;
  • une lampe plus puissante (200 lumens ou plus) pour pouvoir balayer loin avec un faisceau puissant, pour examiner les alentours du lieu de l’accident.

Troisième point : sécuriser le site / extraire / accéder

Pas visible sur la photo, mais présents dans mon véhicule : un extincteur à poudre ABC de 2kg, un marteau brise-vitre et un coupe sangle. Pourquoi un extincteur ? Pour pouvoir gérer tout début d’incendie sur le site de l’accident et ainsi pouvoir éviter d’extraire en urgence une victime et devoir aggraver d’éventuelles blessures pour lui sauver la vie. Aussi, pour éviter les dommages collatéraux autant que possible. Dans l’idéal, on laissera les victimes immobiles et on tâchera de faire un bilan sans les manipuler.

Quatrième point : faire un bilan, gérer le plus urgent et alerter

Pour cela, votre téléphone portable chargé (de préférence avec une oreillette pour avoir les mains libres et pouvoir agir et parler en même temps) sera évidemment précieux. Une seule oreillette, et pas les deux, pour aussi pouvoir écouter ce qui se passe dans l’environnement, entendre un véhicule approcher, parler avec les victimes ou les témoins, etc.

Je ne vous refais pas tout le module CEETS de passage d’alerte, mais il est important avant de vous précipiter à appeler les secours de savoir quoi leur dire :

  • Je suis : votre identité, votre localisation précise en commençant par le général et en zoomant : commune, zone, adresse… ou autoroute, direction, borne kilométrique, etc.
  • Je vois : décrivez la scène avec des faits objectifs. Des chiffres, des types de véhicule. Exemple : un accident de la voie publique avec 4 véhicules impliqués. Deux VL, un semi-remorque transportant du lait, et un tracteur. Deux blessés légers qui sont en attente hors des véhicules, et un plus grave qui est incarcéré. Il semble inconscient, il respire. Le conducteur du camion est indemne mais il est choqué.
  • Je fais : j’ai éteint un début d’incendie sur le véhicule où une personne est incarcérée. La circulation est coupée. J’ai balisé la zone.
  • Je demande : au niveau secouriste non-pro, en général vous ne pouvez pas vraiment faire une demande, mais si vous avez des arguments en faveur d’un type d’intervention ou d’un autre, vous pouvez malgré tout les mentionner. Par exemple « c’est une piste assez accidentée, il vaut mieux envoyer un 4×4 » ou « le véhicule est en feu et il est près d’une haie qui menace une citerne de gaz, il faudra aussi un camion incendie »… Bref, vous voyez le topo.

Dans tous les cas, ça vaut la peine de préparer correctement ce message (quitte, même, à l’écrire) de manière à avoir les éléments factuels déjà tous prêts et fluidifier la communication.

Du coup, le matériel contenu dans le sac ici présent servira surtout :

  • pour les victimes ayant été éjectées, ainsi qu’aux blessés accessibles depuis l’extérieur du véhicule ;
  • à stabiliser rapidement les cervicales des personnes pouvant y avoir des lésions et éviter au maximum les dommages à la moëlle épinière supérieure (cela se fait grâce à quelques minerves en feuilles d’aluminium recouvertes de mousse, très légères et modelables) ;
  • à parer au plus pressé en attendant les secouristes pros…

Contenu (non-exhaustif et à titre indicatif seulement : à vous de composer le vôtre) :

  • deux gilets haute-visibilité dont un accessible immédiatement sans ouvrir tout le sac (le second pour équiper un passant au besoin) ;
  • une lampe frontale avec accu de rechange ;
  • une lampe puissante avec batterie de rechange ;
  • 3 colliers cervicaux modelables radio-transparents ;
  • 1 atèle sam
  • 2 canules de Guedel
  • 1 masque pour RCP
  • un pansement occlusif à valve pour les pneumothorax ;
  • plusieurs paires de gants en nitrile bleu dispatchés un peu partout
  • plusieurs pansements compressifs israéliens ;
  • un pansement abdominal 8″ ;
  • un pansement abdominal 12″ ;
  • deux garrots tourniquet ;
  • un Sharpie (feutre pour marquer l’heure du garrot) ;
  • un garrot Swat-t (bande élastique large) ;
  • une paire de ciseaux Gesco XXL ;
  • quelques gazes « Brulstop » (pour les brûlures) ;
  • une pince à clamper ;
  • quelques sacs Ziploc neufs (hyperventilation, membre sectionné, etc.) ;

Dans le véhicule, en plus :

  • extincteur à poudre ABC 2kg ;
  • second extincteur à poudre ABC 1kg ;
  • marteau brise-vitre ;
  • coupe sangle
  • triangle de signalisation ;
  • téléphone de secours avec oreillette ;
  • plusieurs gilets haute-visibilité (un par place dans le véhicule) ;
  • un petit kit de premiers secours accessible immédiatement par le conducteur incarcéré) ;
  • etc.